DES ELECTIONS CREDIBLES POUR UNE VERITABLE ALTERNANCE DEMOCRATIQUE*
*« Si toi aussi, tu avais reconnu en ce jour ce qui peut te donner la
paix ! » (Lc 19, 42)*
*1. *A un mois de la tenue des élections, nous Cardinal, Archevêques
et Evêques, membres de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO),
sommes réunis en Assemblée Plénière extraordinaire à Kinshasa du 20 au 22
novembre 2018 pour une évaluation du processus électoral en cours.

*2. *Fidèles à notre mission prophétique, nous voulons, en tant que
Pasteurs et Congolais, apporter notre contribution, pour la tenue des
élections libres, transparentes, crédibles et apaisées.
*3. *Peuple congolais, nous avons cheminé ensemble depuis l’Accord de
la Saint-Sylvestre en 2016 en vue de l’organisation des élections libres
susceptibles d’aider notre pays à sortir de la crise. Evaluons ensemble ce
processus électoral. Où en sommes-nous ? Que devons-nous faire pour
atteindre une véritable alternance démocratique pour notre pays ?
*I. CONSTATS*
*4. *Nous constatons la détermination de plus en plus affichée du
Gouvernement et de la CENI à tenir les élections le 23 décembre 2018,
conformément au Calendrier électoral. Malgré les divergences de vue sur
certains points importants du processus, tous les partis et regroupements
politiques semblent résolus d’aller aux élections.
*5. *Alors que la campagne électorale a démarré, le manque de
consensus persiste notamment sur l’utilisation ou non de la machine à voter
et sur la fiabilité du fichier électoral. Par ailleurs, d’autres
compatriotes doutent encore de la possibilité d’organiser de bonnes
élections à la date indiquée.
*6. *L’Accord de la Saint-Sylvestre avait arrêté les mesures de
décrispation du climat politique sur lesquelles nous sommes souvent
revenus. Vous le constatez : jusqu’à présent, certains opposants politiques
sont toujours soit en prison soit en exil.
*7. *La liberté de manifestation n’est pas encore un acquis pour tous. *La
récente répression violente de la manifestation des étudiants de
l’Université de Kinshasa qui a causé trois morts en est une
illustration. *Faut-il
souligner aussi que l’accès aux médias publics n’est pas équitable.
*8. *Nous observons aussi que, contrairement aux dispositions légales,
les Agents de la territoriale et les administratifs, des ministres aux
chefs des villages, sont contraints de battre campagne pour une seule
tendance politique ; et les moyens de l’Etat sont réquisitionnés, et mis à
la disposition d’une seule plateforme politique. Ce qui consacre
l’inégalité des chances, inadmissible dans une compétition démocratique
(cf. Loi électorale, art. 36).
*9. *A plusieurs reprises nous avons demandé de sécuriser certaines
régions déterminées et bien délimitées en proie à la violence récurrente,
entre autres le Nord et le Sud Kivu, l’Ituri et le Tanganyika.
Malheureusement, les massacres continuent à Djugu (Ituri) tout comme dans
la Ville et Territoire de Beni où l’on compte aujourd’hui au moins 2000
morts et des nombreux déplacés depuis octobre 2013. L’insécurité persiste
dans ces zones malgré l’arsenal militaire déployé. *Cette insécurité,
apparemment planifiée, fait planer sur notre pays le spectre de la
balkanisation.*
*10. * A cela s’ajoute, d’un côté, l’épidémie d’Ebola dans le Territoire
déjà sinistré de Beni et, de l’autre, l’arrivée massive de nos compatriotes
expulsés violemment de l’Angola, au mépris du droit international, dans
les provinces de Kongo Central, Kasaï, Kasaï Central, Kwango et Lualaba.
*11. * *Peuple congolais, nous vous prenons à témoin*. *Ce tableau nous
permet-il d’aller aux élections sans que les résultats ne soient
contestés ?* Le climat socio-politique actuel est-il de nature à nous
amener aux élections « inclusives où toutes les parties prenantes jouissent
de l’égalité de chance et dont les résultats sont effectivement
l’expression de la volonté du peuple » ? Dans ces conditions, notre pays
connaîtra-t-il une alternance démocratique qui assure la légitimité de ceux
qui seront appelés à nous gouverner ? *Nous pensons que tout n’est pas
encore perdu, si nous avons un esprit patriotique et la volonté politique*.
*II. L’ALTERNANCE QUE NOUS VOULONS*
*12. * Filles et fils de la RD Congo, les élections ne sont pas une fin en
soi. Elles ne nous seront utiles que si nous sommes conscients de ce qui
doit être changé pour l’avènement d’un Congo plus beau qu’avant. *Ce qui
est en jeu aujourd’hui, c’est l’unité de notre pays, l’intégrité de notre
territoire national, la justice, la paix et l’amélioration des conditions
de vie de la population*.
*13. * Comme nous l’avons souligné dans notre message de juin 2017, * Le
Pays va très mal. Debout congolais *: « La corruption, l’évasion fiscale,
le détournement de fonds publics ont atteint des proportions inquiétantes à
tous les niveaux. Un groupe de compatriotes, abusant manifestement de leur
pouvoir, s’octroie des avantages économiques faramineux au détriment du
bien-être collectif »[1] <#_ftn1>. La situation socio-économique a empiré.
*14. *Vous conviendrez avec nous que c’est seulement par des élections
transparentes que nous pourrons nous choisir des dirigeants responsables, à
même d’assurer un nouveau mode de gouvernement de notre pays et de nous
aider à construire un Etat de droit.
*15. **C’est en vue de cette alternance que nous, vos Pasteurs, formulons
les recommandations suivantes pour améliorer les conditions des élections
que nous attendons le 23 décembre 2018.*
*III. RECOMMANDATIONS*
*AU PEUPLE CONGOLAIS*
*16. *Rappelons-nous que nous avons payé un lourd tribut au cours de ce
processus électoral. Que le sang versé de nos compatriotes soit un ferment
pour une alternance salutaire dans notre pays. Nous devons honorer leur
mémoire.
*17. *C’est le moment d’exercer notre droit de souverain primaire en vue
d’un nouveau leadership capable de mettre au centre de ses préoccupations
le bien-être du Peuple congolais. *L’heure est venue de procéder à un vote
responsable, c’est-à-dire choisir des hommes et des femmes soucieux de
défendre notre pays ; de promouvoir le bien commun ; de garantir les
libertés fondamentales ; de défendre les droits humains. Il nous faut des
dirigeants qui respectent la loi fondamentale et la parole donnée ; des
personnes honnêtes et de bonne moralité qui ne s’approprient pas les
ressources du pays. Attention aux corrompus et aux corrupteurs (cf. Ps
93,20).*
*18. * Nous vous prévenons contre les beaux parleurs et les vendeurs
d’illusions qui font des promesses séduisantes qu’ils ne pourront pas
tenir. Méfiez-vous surtout de ceux qui distribuent l’argent et d’autres
multiples cadeaux pour acheter vos voix.
*19. ** La CENCO ne soutient aucun candidat, elle n’a pas un préféré à vous
proposer*. Libres de toute contrainte, en âme et conscience, que chacun
donne sa voix à la personne jugée digne de confiance pour le bien-être de
tous. *Demeurons vigilants pour ne pas nous faire voler notre vote. Ne
cédons pas au tribalisme, au régionalisme, au favoritisme, à toute forme de
clientélisme. Evitons la violence pour résoudre d’éventuels différends
électoraux* (cf. Mt 5,9). Notre pays a plus que trop souffert des violences
de tout genre, il a besoin d’une paix durable pour sa reconstruction.
*20. *Si nous avons compris d’où nous viendra la paix (cf. Lc 19, 42),
alors prenons avec responsabilité ce rendez-vous de notre histoire.
*21. * A vous étudiants et jeunes compatriotes, la Nation a besoin de votre
enthousiasme et de votre implication. Vous n’êtes pas seulement l’avenir du
pays, vous en êtes le présent. Un avenir radieux de la RD Congo ne se fera
pas sans vous (cf. 1Tm 4, 12).
*A LA CENI *
*22. * Puisqu’elle a la responsabilité d’organiser les élections, nous lui
demandons de ne pas se lasser d’œuvrer pour chercher le consensus sur les
points de divergence ; de chercher à convaincre plutôt qu’à s’imposer.
*23. * Nous pensons qu’il est encore possible de trouver un consensus sur
l’utilisation ou non de la machine à voter. Si l’usage de cette machine
s’avérait inéluctable, nous demandons à la CENI de rassurer le Peuple
congolais *que la machine ne sera exclusivement utilisée que pour
l’identification des candidats et l’impression des bulletins de vote* ; de
procéder uniquement au comptage manuel des voix et d’afficher les
procès-verbaux (PV) dans tous les bureaux de vote et de dépouillement le
même jour. Autrement, elle jetterait le discrédit sur les résultats des
scrutins.
*24. *Pour la crédibilité des élections, il lui incombe de faciliter les
accréditations et le travail des témoins, des journalistes ainsi que des
observateurs nationaux et internationaux, dans les bureaux de vote et les
centres de compilation. Ceci pourrait aussi mettre en confiance les
électeurs et les candidats.
*AU GOUVERNEMENT*
*25. * Nous ne nous lasserons pas d’exiger le parachèvement des mesures de
décrispation politique telles que prévues dans l’Accord de la
Saint-Sylvestre.
*26. * Pour des élections apaisées, il lui incombe de sécuriser davantage
le Nord et le Sud Kivu, l’Ituri, le Tanganyika et toutes les zones où
sévissent les groupes armés pour que la population puisse participer aux
élections en toute quiétude.
*27. * Nous demandons de ne pas utiliser les Agents et les moyens de l’Etat
pour la campagne d’un candidat, d’un parti ou d’une plateforme politique.
*28. * Il est impérieux de garantir la liberté d’expression et de lever
l’interdiction de manifestations publiques. C’est un facteur majeur pour la
crédibilité des élections.
*29. * Nous demandons une prise en charge digne et effective des expulsés
d’Angola, des déplacés internes et des victimes de l’épidémie d’Ebola en
veillant à ce que leur présence n’impacte pas négativement sur le scrutin.
*AUX INSTANCES JUDICIAIRES*
*30. * Puisqu’elles ont la noble fonction de résoudre les contentieux
électoraux, nous demandons qu’elles considèrent l’intérêt supérieur de la
Nation et se laissent guider uniquement par la vérité objective et par la
fidélité aux normes.
*AUX PARTIS ET REGROUPEMENTS POLITIQUES *
*31. * *Nous les exhortons à faire preuve de sens de responsabilité en
facilitant le consensus sur les points de divergence ; de prendre au
sérieux l’enregistrement, la formation et la prise en charge des témoins*.
*32. * Nous recommandons de dépasser l’esprit de positionnement personnel
et de privilégier l’intérêt supérieur de la Nation et de bannir
l’incitation à la violence.
*AUX CANDIDATS*
*33. * Nous recommandons de mener la campagne électorale dans le respect
des règles établies, notamment celui des adversaires politiques qui ne sont
pas à considérer comme des ennemis, mais plutôt des compatriotes; de
convaincre les électeurs par la pertinence de programmes politiques et non
par des cadeaux (cf. Ap 11, 18).
*A LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE*
*34. * Nous demandons de nous accompagner dans ce processus en privilégiant
les intérêts du Peuple congolais et de ne prendre en considération que les
résultats qui soient conformes à la vérité des urnes.
*CONCLUSION*
*35. * Nous avons rendez-vous avec l’Histoire. Les élections qui nous
préoccupent aujourd’hui sont notre droit et notre devoir qui ne peut être
confisqué par des acteurs politiques. L’engagement de toute la Nation a un
rôle décisif dans un processus électoral. Que chacun prenne conscience que
seule la mobilisation générale de tout le Peuple peut conduire le pays à
des élections crédibles et transparentes. Nous devons tout mettre en œuvre
pour éviter une parodie d’élections dont les résultats ne seraient pas
acceptés et qui, de surcroît, plongerait notre pays dans la violence.
*36. * Nous invitons les fidèles chrétiens et toutes les personnes de bonne
volonté à intensifier la prière pour l’unité et la paix dans notre pays. La
prière de Saint François d’Assise, à la fin de chaque célébration ou
rencontre de prière, est vivement recommandée pour obtenir la paix.
*37. * Par l’intercession de la Sainte Vierge Marie, Notre Dame du Congo,
que le Seigneur, Roi de l’univers, « nous donne la clairvoyance de ce que
nous devons faire et la force de l’accomplir » pour une alternance
démocratique et pacifique dans notre pays.
Fait à Kinshasa, le 22 novembre 2018DES ELECTIONS CREDIBLES POUR UNE VERITABLE ALTERNANCE DEMOCRATIQUE*
*« Si toi aussi, tu avais reconnu en ce jour ce qui peut te donner la
paix ! » (Lc 19, 42)*
*1. *A un mois de la tenue des élections, nous Cardinal, Archevêques
et Evêques, membres de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO),
sommes réunis en Assemblée Plénière extraordinaire à Kinshasa du 20 au 22
novembre 2018 pour une évaluation du processus électoral en cours.
*2. *Fidèles à notre mission prophétique, nous voulons, en tant que
Pasteurs et Congolais, apporter notre contribution, pour la tenue des
élections libres, transparentes, crédibles et apaisées.
*3. *Peuple congolais, nous avons cheminé ensemble depuis l’Accord de
la Saint-Sylvestre en 2016 en vue de l’organisation des élections libres
susceptibles d’aider notre pays à sortir de la crise. Evaluons ensemble ce
processus électoral. Où en sommes-nous ? Que devons-nous faire pour
atteindre une véritable alternance démocratique pour notre pays ?
*I. CONSTATS*
*4. *Nous constatons la détermination de plus en plus affichée du
Gouvernement et de la CENI à tenir les élections le 23 décembre 2018,
conformément au Calendrier électoral. Malgré les divergences de vue sur
certains points importants du processus, tous les partis et regroupements
politiques semblent résolus d’aller aux élections.
*5. *Alors que la campagne électorale a démarré, le manque de
consensus persiste notamment sur l’utilisation ou non de la machine à voter
et sur la fiabilité du fichier électoral. Par ailleurs, d’autres
compatriotes doutent encore de la possibilité d’organiser de bonnes
élections à la date indiquée.
*6. *L’Accord de la Saint-Sylvestre avait arrêté les mesures de
décrispation du climat politique sur lesquelles nous sommes souvent
revenus. Vous le constatez : jusqu’à présent, certains opposants politiques
sont toujours soit en prison soit en exil.
*7. *La liberté de manifestation n’est pas encore un acquis pour tous. *La
récente répression violente de la manifestation des étudiants de
l’Université de Kinshasa qui a causé trois morts en est une
illustration. *Faut-il
souligner aussi que l’accès aux médias publics n’est pas équitable.
*8. *Nous observons aussi que, contrairement aux dispositions légales,
les Agents de la territoriale et les administratifs, des ministres aux
chefs des villages, sont contraints de battre campagne pour une seule
tendance politique ; et les moyens de l’Etat sont réquisitionnés, et mis à
la disposition d’une seule plateforme politique. Ce qui consacre
l’inégalité des chances, inadmissible dans une compétition démocratique
(cf. Loi électorale, art. 36).
*9. *A plusieurs reprises nous avons demandé de sécuriser certaines
régions déterminées et bien délimitées en proie à la violence récurrente,
entre autres le Nord et le Sud Kivu, l’Ituri et le Tanganyika.
Malheureusement, les massacres continuent à Djugu (Ituri) tout comme dans
la Ville et Territoire de Beni où l’on compte aujourd’hui au moins 2000
morts et des nombreux déplacés depuis octobre 2013. L’insécurité persiste
dans ces zones malgré l’arsenal militaire déployé. *Cette insécurité,
apparemment planifiée, fait planer sur notre pays le spectre de la
balkanisation.*
*10. * A cela s’ajoute, d’un côté, l’épidémie d’Ebola dans le Territoire
déjà sinistré de Beni et, de l’autre, l’arrivée massive de nos compatriotes
expulsés violemment de l’Angola, au mépris du droit international, dans
les provinces de Kongo Central, Kasaï, Kasaï Central, Kwango et Lualaba.
*11. * *Peuple congolais, nous vous prenons à témoin*. *Ce tableau nous
permet-il d’aller aux élections sans que les résultats ne soient
contestés ?* Le climat socio-politique actuel est-il de nature à nous
amener aux élections « inclusives où toutes les parties prenantes jouissent
de l’égalité de chance et dont les résultats sont effectivement
l’expression de la volonté du peuple » ? Dans ces conditions, notre pays
connaîtra-t-il une alternance démocratique qui assure la légitimité de ceux
qui seront appelés à nous gouverner ? *Nous pensons que tout n’est pas
encore perdu, si nous avons un esprit patriotique et la volonté politique*.
*II. L’ALTERNANCE QUE NOUS VOULONS*
*12. * Filles et fils de la RD Congo, les élections ne sont pas une fin en
soi. Elles ne nous seront utiles que si nous sommes conscients de ce qui
doit être changé pour l’avènement d’un Congo plus beau qu’avant. *Ce qui
est en jeu aujourd’hui, c’est l’unité de notre pays, l’intégrité de notre
territoire national, la justice, la paix et l’amélioration des conditions
de vie de la population*.
*13. * Comme nous l’avons souligné dans notre message de juin 2017, * Le
Pays va très mal. Debout congolais *: « La corruption, l’évasion fiscale,
le détournement de fonds publics ont atteint des proportions inquiétantes à
tous les niveaux. Un groupe de compatriotes, abusant manifestement de leur
pouvoir, s’octroie des avantages économiques faramineux au détriment du
bien-être collectif »[1] <#_ftn1>. La situation socio-économique a empiré.
*14. *Vous conviendrez avec nous que c’est seulement par des élections
transparentes que nous pourrons nous choisir des dirigeants responsables, à
même d’assurer un nouveau mode de gouvernement de notre pays et de nous
aider à construire un Etat de droit.
*15. **C’est en vue de cette alternance que nous, vos Pasteurs, formulons
les recommandations suivantes pour améliorer les conditions des élections
que nous attendons le 23 décembre 2018.*
*III. RECOMMANDATIONS*
*AU PEUPLE CONGOLAIS*
*16. *Rappelons-nous que nous avons payé un lourd tribut au cours de ce
processus électoral. Que le sang versé de nos compatriotes soit un ferment
pour une alternance salutaire dans notre pays. Nous devons honorer leur
mémoire.
*17. *C’est le moment d’exercer notre droit de souverain primaire en vue
d’un nouveau leadership capable de mettre au centre de ses préoccupations
le bien-être du Peuple congolais. *L’heure est venue de procéder à un vote
responsable, c’est-à-dire choisir des hommes et des femmes soucieux de
défendre notre pays ; de promouvoir le bien commun ; de garantir les
libertés fondamentales ; de défendre les droits humains. Il nous faut des
dirigeants qui respectent la loi fondamentale et la parole donnée ; des
personnes honnêtes et de bonne moralité qui ne s’approprient pas les
ressources du pays. Attention aux corrompus et aux corrupteurs (cf. Ps
93,20).*
*18. * Nous vous prévenons contre les beaux parleurs et les vendeurs
d’illusions qui font des promesses séduisantes qu’ils ne pourront pas
tenir. Méfiez-vous surtout de ceux qui distribuent l’argent et d’autres
multiples cadeaux pour acheter vos voix.
*19. ** La CENCO ne soutient aucun candidat, elle n’a pas un préféré à vous
proposer*. Libres de toute contrainte, en âme et conscience, que chacun
donne sa voix à la personne jugée digne de confiance pour le bien-être de
tous. *Demeurons vigilants pour ne pas nous faire voler notre vote. Ne
cédons pas au tribalisme, au régionalisme, au favoritisme, à toute forme de
clientélisme. Evitons la violence pour résoudre d’éventuels différends
électoraux* (cf. Mt 5,9). Notre pays a plus que trop souffert des violences
de tout genre, il a besoin d’une paix durable pour sa reconstruction.
*20. *Si nous avons compris d’où nous viendra la paix (cf. Lc 19, 42),
alors prenons avec responsabilité ce rendez-vous de notre histoire.
*21. * A vous étudiants et jeunes compatriotes, la Nation a besoin de votre
enthousiasme et de votre implication. Vous n’êtes pas seulement l’avenir du
pays, vous en êtes le présent. Un avenir radieux de la RD Congo ne se fera
pas sans vous (cf. 1Tm 4, 12).
*A LA CENI *
*22. * Puisqu’elle a la responsabilité d’organiser les élections, nous lui
demandons de ne pas se lasser d’œuvrer pour chercher le consensus sur les
points de divergence ; de chercher à convaincre plutôt qu’à s’imposer.
*23. * Nous pensons qu’il est encore possible de trouver un consensus sur
l’utilisation ou non de la machine à voter. Si l’usage de cette machine
s’avérait inéluctable, nous demandons à la CENI de rassurer le Peuple
congolais *que la machine ne sera exclusivement utilisée que pour
l’identification des candidats et l’impression des bulletins de vote* ; de
procéder uniquement au comptage manuel des voix et d’afficher les
procès-verbaux (PV) dans tous les bureaux de vote et de dépouillement le
même jour. Autrement, elle jetterait le discrédit sur les résultats des
scrutins.
*24. *Pour la crédibilité des élections, il lui incombe de faciliter les
accréditations et le travail des témoins, des journalistes ainsi que des
observateurs nationaux et internationaux, dans les bureaux de vote et les
centres de compilation. Ceci pourrait aussi mettre en confiance les
électeurs et les candidats.
*AU GOUVERNEMENT*
*25. * Nous ne nous lasserons pas d’exiger le parachèvement des mesures de
décrispation politique telles que prévues dans l’Accord de la
Saint-Sylvestre.
*26. * Pour des élections apaisées, il lui incombe de sécuriser davantage
le Nord et le Sud Kivu, l’Ituri, le Tanganyika et toutes les zones où
sévissent les groupes armés pour que la population puisse participer aux
élections en toute quiétude.
*27. * Nous demandons de ne pas utiliser les Agents et les moyens de l’Etat
pour la campagne d’un candidat, d’un parti ou d’une plateforme politique.
*28. * Il est impérieux de garantir la liberté d’expression et de lever
l’interdiction de manifestations publiques. C’est un facteur majeur pour la
crédibilité des élections.
*29. * Nous demandons une prise en charge digne et effective des expulsés
d’Angola, des déplacés internes et des victimes de l’épidémie d’Ebola en
veillant à ce que leur présence n’impacte pas négativement sur le scrutin.
*AUX INSTANCES JUDICIAIRES*
*30. * Puisqu’elles ont la noble fonction de résoudre les contentieux
électoraux, nous demandons qu’elles considèrent l’intérêt supérieur de la
Nation et se laissent guider uniquement par la vérité objective et par la
fidélité aux normes.
*AUX PARTIS ET REGROUPEMENTS POLITIQUES *
*31. * *Nous les exhortons à faire preuve de sens de responsabilité en
facilitant le consensus sur les points de divergence ; de prendre au
sérieux l’enregistrement, la formation et la prise en charge des témoins*.
*32. * Nous recommandons de dépasser l’esprit de positionnement personnel
et de privilégier l’intérêt supérieur de la Nation et de bannir
l’incitation à la violence.
*AUX CANDIDATS*
*33. * Nous recommandons de mener la campagne électorale dans le respect
des règles établies, notamment celui des adversaires politiques qui ne sont
pas à considérer comme des ennemis, mais plutôt des compatriotes; de
convaincre les électeurs par la pertinence de programmes politiques et non
par des cadeaux (cf. Ap 11, 18).
*A LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE*
*34. * Nous demandons de nous accompagner dans ce processus en privilégiant
les intérêts du Peuple congolais et de ne prendre en considération que les
résultats qui soient conformes à la vérité des urnes.
*CONCLUSION*
*35. * Nous avons rendez-vous avec l’Histoire. Les élections qui nous
préoccupent aujourd’hui sont notre droit et notre devoir qui ne peut être
confisqué par des acteurs politiques. L’engagement de toute la Nation a un
rôle décisif dans un processus électoral. Que chacun prenne conscience que
seule la mobilisation générale de tout le Peuple peut conduire le pays à
des élections crédibles et transparentes. Nous devons tout mettre en œuvre
pour éviter une parodie d’élections dont les résultats ne seraient pas
acceptés et qui, de surcroît, plongerait notre pays dans la violence.
*36. * Nous invitons les fidèles chrétiens et toutes les personnes de bonne
volonté à intensifier la prière pour l’unité et la paix dans notre pays. La
prière de Saint François d’Assise, à la fin de chaque célébration ou
rencontre de prière, est vivement recommandée pour obtenir la paix.
*37. * Par l’intercession de la Sainte Vierge Marie, Notre Dame du Congo,
que le Seigneur, Roi de l’univers, « nous donne la clairvoyance de ce que
nous devons faire et la force de l’accomplir » pour une alternance
démocratique et pacifique dans notre pays.
Fait à Kinshasa, le 22 novembre 2018

